La station d’épuration des eaux usées du Grand Moncton rejette la totalité des effluents traités des trois municipalités de Moncton, Riverview et Dieppe, soit une population de 120 000 habitants. Depuis sa construction en 1992, l’usine a fourni ce qu’elle décrit comme un traitement primaire “avancé” des effluents. Le Canada est le dernier pays du monde en développement (OCDE) à exiger un traitement secondaire obligatoire des rejets d’eaux usées (élimination des bactéries, afin de respecter les lignes directrices nationales pour les usages récréatifs). La réglementation nationale n’a été adoptée qu’en 2009 et entrera en vigueur d’ici 2020.
Pendant une période de dix ans, les Sentinelles se sont battues sans succès pour que la Commission des eaux usées dévoile ses plans de modernisation de la station d’épuration en vue d’un traitement secondaire. En 2011, la Commission a fait l’objet d’une vérification et d’une enquête approfondies par le Bureau de l’Ombudsman du Nouveau-Brunswick, qui a déterminé qu’elle fonctionnait en dehors de son mandat en refusant la surveillance de la province, des municipalités locales (propriétaires) et du public. Le président de la Commission, en fonction depuis 1985, a été forcé de démissionner à la suite d’accusations de mauvaise gestion. Suite à une restructuration rigoureuse de la gouvernance, la Commission a finalement annoncé en 2013 son intention de faire passer la station à un traitement secondaire, un projet de 65 millions de dollars qui devrait être achevé d’ici 2018.
En 2013 et 2014, Sentinelles a réussi à négocier un “programme de retenue des effluents” avec la Commission des eaux usées, une mesure visant à retenir le rejet des effluents de la station pendant une période de trois heures, avant l’arrivée du mascaret, pour permettre le surf dans la rivière. Cette mesure est un compromis temporaire jusqu’à ce qu’un traitement secondaire soit proposé en 2018. Un programme d’échantillonnage de la qualité de l’eau, qui sera mis en œuvre par Sentinelles en partenariat avec la communauté des surfers, devrait être mis en place en 2014.