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MELVIN PEREZ : UN FIER PIONNIER DU SURF SUR LE MASCARET.

Texte : Nathalie Landry
Correction: Monique Arsernault
Photos et vidéos : Georges Brun et Charles LeGresley, avec contributions de Melvin Perez.
Musique : Les Païens

Melvin Perez avec le président des Sentinelles Petitcodiac, Pierre Landry.

Melvin Perez, un résident de Moncton natif du Costa Rica, a une relation tout à fait particulière avec la rivière Petitcodiac. Il a vu sa puissance et sa beauté d’un point de vue que plusieurs résidents de la région n’ont jamais eu la chance d’avoir.

De l’intérieur.

« Ça donne une toute nouvelle perspective de la ville. On se sent comme si on est dans un canyon en regardant les berges et la boue. On sent vraiment la puissance des vagues. La rivière est vivante. »

Melvin a été l’un des pionniers à faire du surf sur le mascaret de la rivière Petitcodiac. Passionné du surf dans son pays d’origine, il est arrivé à Moncton en 2012 et a tout de suite été intrigué par notre mascaret.

« Ma femme est originaire du Nouveau-Brunswick et nous avions vécu ensemble au Costa Rica dans un petite ville au bord de la mer appelée Tamarindo pendant près de 11 ans. Après un certain temps, elle s’ennuyait de son chez-soi. Nous avons donc décidé de déménager à Moncton. Au début, je m’ennuyais bien du surf, c’était une grande partie de ma vie. Je savais qu’il y avait une rivière ici et qu’il y avait des marées, mais je n’ai découvert le mascaret que plus tard, un jour où je roulais à vélo sur le sentier à côté de la rivière et que j’ai vu une vague déferler à la même vitesse que moi. J’ai pensé « Oh mon Dieu, mais qu’est-ce que c’est ? ». J’ai donc appris au sujet du mascaret. J’étais très excité et j’ai commencé à dire à tout le monde qu’il y avait un potentiel pour faire du surf sur cette vague. Pourquoi n’y avait-il pas de gens qui en faisaient ? »

Bien entendu, les gens lui ont dit que son idée était folle. Il pourrait se coincer dans la boue. L’eau était polluée. Etc.

Melvin fut donc découragé et comme il était barman au Château Moncton, il a dû se contenter de tout simplement regarder les vagues du mascaret déferler devant son lieu de travail chaque jour. Il demeura toutefois fasciné par ce phénomène qui lui apportait un peu de familiarité et de réconfort dans sa nouvelle ville d’adoption.

« C’est une drôle de coïncidence. Me voici dans ma nouvelle ville, travaillant à côté de la vague qui déferle, tout comme je l’étais au Costa Rica, travaillant à côté des vagues de l’océan. »

Ainsi va le destin. C’est en raison de son boulot « à côté de la vague » que Melvin a rencontré en juillet 2013 les surfers californiens JJ Wessels et Colin Whitbread.

« Une soirée, j’ai vu ces gars arriver avec des planches de surf à l’hôtel. Je suis immédiatement allé à leur rencontre et leur ai demandé s’ils se dirigeaient vers Halifax pour faire du surf à Lawrencetown. Ils m’ont dit que non, ils étaient effectivement à Moncton pour faire du surf sur la vague ici. »

Intrigué, Melvin décida de sauter sur l’occasion.

« Je savais que je ne pouvais pas remonter l’ensemble des 29 kilomètres avec eux. Je n’avais pas fait du surf depuis longtemps et je n’étais pas prêt pour cela. Donc, j’ai décidé de commencer près du Château Moncton et d’attendre le mascaret à cet endroit là. »

Il dit que sa première expérience a été incroyable. Le mot s’était répandu et il fut surpris de voir tout un public sur les berges quand il se dirigea vers la rivière le lendemain.

« J’avais beaucoup d’adrénaline. Il y avait tellement de gens qui nous regardaient. Lorsque la première vague est arrivée, j’étais tellement nerveux que je suis tombé. À ma gauche, je pouvais voir la grosse vague à côté de moi avec les surfeurs californiens et les sea-doos. C’était tout simplement incroyable. »

Melvin était mordu. Il revint sur la rivière au cours de la semaine et continua à surfer le mascaret les semaines et mois suivants, même après que tous les autres surfeurs aient quitté la ville.

« Il y a des mois où j’étais sur la rivière plusieurs fois et des mois où je l’étais moins. Des fois, j’avais toute la rivière à moi-même. Parfois, je voyais des gens en vélo ou à pied le long du sentier et ils s’arrêtaient pour me saluer, m’applaudir et m’encourager. Certaines personnes voulaient même prendre des photos avec moi. C’est un sentiment agréable de voir les gens se rendre compte que leur rivière est très vivante. »

Melvin a surfé sur le mascaret au total 43 fois, essayant à chaque fois de demeurer sur sa planche plus longtemps.

Selon Melvin, surfer le mascaret est très différent que surfer les vagues de l’océan. Voilà ce qui fait l’attrait de notre rivière pour la communauté du surf.

« Cette vague est différente. Tout d’abord, on sait à quelle heure elle vient, de sorte que l’on peut se préparer à l’avance. Mais on ne sait jamais quelle amplitude elle va avoir. L’adrénaline que l’on ressent est incroyable, parce qu’il n’y a qu’une seule vague et on ne veut pas la manquer. »

Il prévient que surfer le mascaret n’est pas pour les novices.

« Parfois, la vague n’est pas très haute. Il faut être prudent. J’ai vu des roches, du bois, des déchets et des objets en métal. J’ai coincé mon pied entre des roches en essayant d’accéder à la rivière et d’en sortir. Le courant peut être très fort et il ne s’arrête jamais. Il faut savoir où on peut quitter la rivière en toute sécurité. Ce n’est pas un endroit pour apprendre à faire du surf. »

Il voit l’intérêt qui renaît pour la rivière Petitcodiac par le biais du surf comme une bonne chose et espère que la ville poursuivra les travaux sur la restauration de la rivière de sorte que cette dernière puisse couler librement comme avant et que l’on puisse améliorer la  qualité de l’eau. Il espère également que la rivière ne finira pas par être trop achalandée.

« La rivière est maintenant une grande partie de ma vie à Moncton. C’est une belle merveille que nous avons ici. Je suis très en colère quand j’entends des gens dire du mal de la rivière, l’appelant sale et des choses comme ça. « Ne parlez pas de la rivière comme ça », leur dis-je. Quand on a vu sa puissance, on en a une toute nouvelle appréciation. »

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